Liliane Grenier : 60 ans d’engagement
communautaire enfin soulignés
Le mercredi 8 août 2018, 16h00
Liliane
Grenier
Crédit
photo : Pilar Macias
Il y a ceux qui regardent et ceux qui
accomplissent. À une époque où tout était à faire et où les femmes restaient
principalement à la maison pour s’occuper de la famille et du foyer, Liliane
Grenier a été de celles qui ont refusé d’être spectatrices. Déterminée,
organisée et dévouée, elle a travaillé à sa façon au développement du milieu
pocatois par amour de sa ville et par conviction.
Généreuse et
authentique, Liliane Grenier sait rendre n’importe qui très à l’aise. Au
téléphone ou en personne, on a toujours le sentiment qu’elle nous reçoit dans
sa cuisine autour d’un bon café. « Attends-moi une minute, je te
reviens », m’a-t-elle dit, dès le début de notre entretien. À son retour,
elle me confie : « Je reçois à souper ce soir et j’ai fait un gâteau
éponge. C’est une recette que j’ai faite mainte et mainte fois. Sauf que là je
ne sais pas ce qui s’est passé, mais le gâteau n’a pas assez levé à mon
goût! »
À moins qu’elle ne
se soit lancée dans la confection d’un second gâteau après notre entretien, il
est difficile de croire que Liliane Grenier a servi un gâteau « pas assez
à son goût » à ses invités. Ne serait-ce parce que ses cinq enfants disent
qu’elle est une excellente cuisinière, mais aussi parce que tous les projets
communautaires et sociaux dans lesquels elle s’est engagée au cours de sa vie
témoignent de sa détermination à vouloir bien faire les choses.
Les premières implications
C’est au début des années 50
que Liliane Grenier a commencé à s’impliquer. Mariée au Dr Raymond-Marie
Raymond, Liliane Grenier avoue qu’elle aurait pu se contenter de « rester
à la maison et de répondre au téléphone. » L’époque voulait ça. Mais
inspirée indirectement par sa mère qu’elle dit avoir toujours trouvé le temps
de faire du bénévolat, malgré ses huit enfants, Liliane Grenier a fait de
l’implication communautaire et sociale une vocation. « On dirait que j’ai
toujours eu ça en moi. Je m’occupais de ma famille comme il faut, mais
m’impliquer me permettait de me désennuyer quand mon mari était au
travail », se souvient-elle.
D’abord, il y a eu
les Guides où les réunions étaient nombreuses et qui se tenaient toujours à des
endroits différents. Liliane et ses acolytes en étaient venues à la conclusion
qu’il leur fallait un local. « On a fait des activités pour amasser des
sous. Une d’entre elles était la Semaine de la femme où notre événement de
clôture impliquait un concours du gentilhomme. Pour voter, les gens devaient
acheter des billets. Le succès a été tel que ça nous a permis de financer notre
local », se rappelle-t-elle.
« On dirait que j’ai toujours eu ça
en moi. Je m’occupais de ma famille comme il faut, mais m’impliquer me
permettait de me désennuyer quand mon mari était au travail. » – Liliane
Grenier
Jumelage
Quelques années
plus tard, Liliane avait suffisamment rayonné dans son milieu pour être invitée
par l’équipe de Louis-Joseph Gosselin à se présenter comme conseillère
municipale à La Pocatière. Élue en 1979, elle est devenue, à l’époque, la
première femme à faire son entrée au conseil municipal de la ville. Elle y est
demeurée deux mandats, jusqu’en 1987. Durant son premier mandat, le maire
Louis-Joseph Gosselin lui a confié la tâche de mettre sur pied le jumelage avec
la ville de Coutances en Normandie. « Je ne connaissais rien à ça les
jumelages. Je suis donc entrée en contact avec la présidente du comité du côté
de Coutances et c’est elle qui m’a guidé », mentionne-t-elle.
De fil en aiguille,
le comité en sol pocatois est né et le jumelage s’est concrétisé en 1984.
Durant 10 ans, Liliane Grenier en a été la présidente, tissant des liens
d’amitié profonds avec nos cousins d’outre-mer et mobilisant toute la
communauté pocatoise dans cette aventure. « Je ne voulais pas que ce soit
seulement un jumelage de ville à ville. Je voulais que soit le milieu qui
active ça. C’est pourquoi j’avais rassemblé des gens de tous les horizons,
autant des citoyens que des gens du milieu institutionnel. »
Bibliothèque municipale
En parallèle au
jumelage, Liliane Grenier et d’autres femmes de La Pocatière s’activaient
depuis un moment à doter la ville d’une première bibliothèque municipale.
« On partait de loin. Certains trouvaient que ce n’était pas une nécessité
parce qu’ils achetaient déjà des livres à leurs enfants. Ce n’était pas facile
de faire comprendre que ce n’était pas le cas de tout le monde »,
précise-t-elle.
Par leur
persévérance et leur détermination, ce groupe de femmes convaincues de la
nécessité de donner accès à la lecture au plus grand nombre de gens possibles a
remporté son pari. Le chemin a été ardu, mais la bibliothèque municipale de La
Pocatière a vu le jour en 1987, où se trouve aujourd’hui le Carrefour des
jeunes de La Pocatière. C’est quelques années plus tard qu’elle a été déménagée
à son emplacement actuel, dans l’édifice Gérard-Dallaire. « On a ramassé
des sous à coup de souper-bénéfice. Avec cet argent-là, on a payé le bois que
mon mari a utilisé pour faire les étagères des livres. »
Inspirer
Toutes ces réalisations
et d’autres implications de Liliane Grenier au sein de l’Institut de
développement Nord-Sud et de l’AMIE – Aide internationale à l’enfance lui ont
valu de recevoir la Médaile du Lieutenant-gouverneur pour les aînés, le 26 mai
dernier. Le 8 juin, c’était au tour de la Ville de La Pocatière, des membres de
sa famille et des amis qu’elle a côtoyés au fil du temps de lui rendre hommage.
Malgré cette pluie de reconnaissances méritées, Liliane Grenier demeure humble.
« Je ne veux pas me glorifier. C’est des circonstances qui m’ont amené à
remplir des mandats. Je n’étais pas seule. Plein de gens ont mis l’épaule à la
roue avec moi. C’est pour ça que ç’a toujours fonctionné. »
Néanmoins, Liliane
Grenier demeure un spécimen rare. Quelqu’un qui donne sans compter, inspirée
toute jeune par les actions de sa propre mère et aujourd’hui inspirante à son
tour. À cela elle dira : « J’espère en avoir inspiré d’autres,
autrement, il n’y aurait jamais de continuité! »
Cette femme est un modèle, Bravo !!
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