75e du Jour de la Victoire : Utiliser l’art pour faire appel au devoir de mémoire


75e du Jour de la Victoire : Utiliser l’art pour faire appel au devoir de mémoire

SAMEDI, 09 MAI 2020 / PUBLIÉ DANS À LA UNE, dans le Placoteux CULTUREL



Utiliser l’art au service de quelque chose. Ce leitmotiv définit bien la démarche artistique de Nicolas F. Paquin de Saint-Roch-des-Aulnaies, fasciné depuis toujours par le destin de ceux qui ont vécu la Deuxième Guerre mondiale. À l’écrit ou sur scène, c’est par le biais de récits réels, fictifs ou ponctués de coïncidences dans le présent que l’auteur perpétue le souvenir de ces héros dont on se rappelle que trop peu.
Nicolas F. Paquin l’avoue d’emblée, il est plutôt « allergique aux dates » quand il est question de la Deuxième Guerre mondiale. Le 75e anniversaire du Jour de la Victoire en Europe est toutefois le prétexte que nous avons trouvé pour qu’il nous parle de sa fascination pour ce conflit terriblement meurtrier, entre autres chez ces jeunes hommes dans la fleur de l’âge, ceux qu’il considère comme les héros de cette guerre et dont il a raconté le destin dans ses romans et aujourd’hui sur scène.
« Ce qui m’a toujours fasciné avec ce conflit, c’est le destin des individus. C’est le film « Il faut sauver le soldat Ryan » qui m’avait ouvert à cette perspective. Le film est sorti pas mal à la même époque où j’ai fait connaissance d’un vétéran qui s’était enrôlé parce que son père avait laissé tomber sa famille et que sa mère avait besoin d’argent », raconte-t-il.
Cet homme, Maurice Bouchard, a été, avec Jacques Nadeau et Gilbert Boulanger, de ces héros qui lui ont inspiré ses personnages de sa trilogie de romans Les Volontaires. Cette série de romans, dont le premier tome « Sous le feu de l’ennemi » est paru en 2014, a permis à l’auteur de développer une certaine notoriété autant au Québec, au Nouveau-Brunswick et en France où il a additionné les tournées de salons du livre, les ateliers d’écriture dans les écoles et les conférences ici et là.
Pourtant, lorsqu’il s’est lancé dans cette aventure, s’il savait qu’il écrirait une trilogie et qu’il avait déjà une bonne idée des histoires qu’il voulait raconter, jamais Nicolas F. Paquin n’aurait pensé amener le destin particulier de ces hommes, et même de ces femmes de l’ombre, sur scène, à travers un spectacle qui multiplie les coïncidences qui s’entremêlent avec sa propre quête personnelle, celle de rendre hommage à ces gens en ne les oubliant pas.
« Oui, un spectacle peut être divertissement, et c’est bien correct, mais l’art peut aussi être au service de quelque chose, et c’est l’approche que j’ai voulu prendre », confie l’artiste, qui voit aujourd’hui son projet contraint en raison de la fermeture des salles de spectacle, conséquence directe de la COVID-19.
Ce coronavirus, dont il est difficile de chasser de l’actualité, permet tout de même à Nicolas F. Paquin de relativiser. Toutes ces rencontres qu’il a eu la chance de vivre avec ces vétérans de la Deuxième Guerre mondiale, toutes ces histoires qu’on lui a racontées lui font voir cette crise différemment.
« Les Français ont passé quatre ans sous le contrôle nazi, où tout était restreint, des droits personnels à l’alimentation, sans parler des voisins à qui on ne pouvait plus faire confiance et qui pouvaient vous dénoncer à la police à tout moment. Ce qu’on vit aujourd’hui, pour ceux qui ne sont pas « au front », ce n’est rien. Mais on le perd de vue parce qu’on ne se rappelle pas suffisamment de circonstances comme celles-là », poursuit-il.
De là l’importance de continuer à raconter ces héros, selon lui, sur scène ou à l’écrit, afin que les gens comprennent la chance qu’ils ont aujourd’hui et le sens des responsabilités qui les guidait à l’époque. Et pour Nicolas F. Paquin, le seul moyen d’y parvenir est en essayant de toucher les gens. Les histoires sont faites pour ça, dit-il, et les siennes, même si elles le font briller par la bande, n’auront jamais d’autres buts.

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