75e du Jour de la Victoire : Utiliser l’art pour faire
appel au devoir de mémoire
Utiliser
l’art au service de quelque chose. Ce leitmotiv définit bien la démarche
artistique de Nicolas F. Paquin de Saint-Roch-des-Aulnaies, fasciné depuis
toujours par le destin de ceux qui ont vécu la Deuxième Guerre mondiale. À
l’écrit ou sur scène, c’est par le biais de récits réels, fictifs ou ponctués
de coïncidences dans le présent que l’auteur perpétue le souvenir de ces héros
dont on se rappelle que trop peu.
Nicolas F. Paquin l’avoue d’emblée, il est plutôt
« allergique aux dates » quand il est question de la Deuxième Guerre
mondiale. Le 75e anniversaire
du Jour de la Victoire en Europe est toutefois le prétexte que nous avons
trouvé pour qu’il nous parle de sa fascination pour ce conflit terriblement
meurtrier, entre autres chez ces jeunes hommes dans la fleur de l’âge, ceux
qu’il considère comme les héros de cette guerre et dont il a raconté le destin
dans ses romans et aujourd’hui sur scène.
« Ce qui m’a toujours fasciné avec ce conflit, c’est le
destin des individus. C’est le film « Il faut sauver le soldat Ryan »
qui m’avait ouvert à cette perspective. Le film est sorti pas mal à la même
époque où j’ai fait connaissance d’un vétéran qui s’était enrôlé parce que son
père avait laissé tomber sa famille et que sa mère avait besoin
d’argent », raconte-t-il.
Cet homme, Maurice Bouchard, a été, avec Jacques Nadeau et
Gilbert Boulanger, de ces héros qui lui ont inspiré ses personnages de sa
trilogie de romans Les Volontaires. Cette série de romans, dont le premier tome
« Sous le feu de l’ennemi » est paru en 2014, a permis à l’auteur de
développer une certaine notoriété autant au Québec, au Nouveau-Brunswick et en
France où il a additionné les tournées de salons du livre, les ateliers
d’écriture dans les écoles et les conférences ici et là.
Pourtant, lorsqu’il s’est lancé dans cette aventure, s’il savait
qu’il écrirait une trilogie et qu’il avait déjà une bonne idée des histoires
qu’il voulait raconter, jamais Nicolas F. Paquin n’aurait pensé amener le
destin particulier de ces hommes, et même de ces femmes de l’ombre, sur scène,
à travers un spectacle qui multiplie les coïncidences qui s’entremêlent avec sa
propre quête personnelle, celle de rendre hommage à ces gens en ne les oubliant
pas.
« Oui, un spectacle peut être divertissement, et c’est bien
correct, mais l’art peut aussi être au service de quelque chose, et c’est
l’approche que j’ai voulu prendre », confie l’artiste, qui voit
aujourd’hui son projet contraint en raison de la fermeture des salles de
spectacle, conséquence directe de la COVID-19.
Ce coronavirus, dont il est difficile de chasser de l’actualité,
permet tout de même à Nicolas F. Paquin de relativiser. Toutes ces rencontres
qu’il a eu la chance de vivre avec ces vétérans de la Deuxième Guerre mondiale,
toutes ces histoires qu’on lui a racontées lui font voir cette crise
différemment.
« Les Français ont passé quatre ans sous le contrôle nazi,
où tout était restreint, des droits personnels à l’alimentation, sans parler
des voisins à qui on ne pouvait plus faire confiance et qui pouvaient vous
dénoncer à la police à tout moment. Ce qu’on vit aujourd’hui, pour ceux qui ne
sont pas « au front », ce n’est rien. Mais on le perd de vue parce
qu’on ne se rappelle pas suffisamment de circonstances comme celles-là »,
poursuit-il.
De là l’importance de continuer à raconter ces héros, selon lui,
sur scène ou à l’écrit, afin que les gens comprennent la chance qu’ils ont
aujourd’hui et le sens des responsabilités qui les guidait à l’époque. Et pour
Nicolas F. Paquin, le seul moyen d’y parvenir est en essayant de toucher les
gens. Les histoires sont faites pour ça, dit-il, et les siennes, même si elles
le font briller par la bande, n’auront jamais d’autres buts.